La Suisse est réputée pour la qualité de ses formations professionnelles et « duales », qui insèrent les élèves en entreprise et leur donnent à la fois l’expérience et le bagage, sans parler des contacts leur permettant de trouver plus facilement qu’ailleurs un emploi dès la fin de leur apprentissage.

ON PEUT TOUJOURS MIEUX FAIRE

Cela ne veut pas dire que tout soit parfait. Le canton de Genève a un problème lancinant : beaucoup plus qu’ailleurs en Suisse, les formations professionnelles ne sont pas assez considérées : on tend à n’y envoyer que ceux qui apparaissent les « moins bons », ceux que l’on juge peu capables de suivre avec profit des études supérieures ! C’est un gâchis pour les élèves comme pour les entreprises qui doivent recruter du personnel de qualité ayant les aptitudes pour se hisser à un bon niveau. Par ailleurs, il y a beaucoup de petites entreprises, artisanales ou familiales, qui de par leur taille, hésitent à prendre en charge des apprentis et les former. C’est pourquoi l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) du canton de Genève a développé un service, nommé Interface Entreprises ayant notamment pour mission de coordonner la demande de places de stages et de formations avec l’offre des entreprises. Du côté des entrepreneurs réunis dans la Fédération des entreprises romandes (FER) existent aussi des services entièrement dédiés à la formation.

QUAND FORMATION RIME AVEC DÉCARBONATION

La filière bois, constituée à Genève d’une majorité de petites entreprises (menuiseries, ébénisteries, charpenteries) souffre particulièrement de cette situation. Le marché tend à être de plus en plus porteur, et il est nécessaire d’avoir des entreprises locales qui soient capables de faire face à une augmentation de la demande.

Une table ronde sur la formation dans ces métiers a été organisée promotion de la filière bois Lignum Genève, dans le cadre de son Assemblée générale. La table ronde était conduite par Claude Haegi, président de Lignum, en présence de l’OFPC, de la FER, ainsi que de la Fédération romande des entreprises de charpenterie d’ébénisterie et de menuiserie (FRECEM), à Lausanne, qui agit dans le domaine des métiers du bois à l’échelle de la Suisse romande.

DES SYNERGIES NÉCESSAIRES

Il est ressorti plusieurs éléments intéressants, montrant les efforts qui sont consentis du côté des autorités publiques pour faciliter les démarches administratives visant à l’obtention de l’autorisation de former qui est délivrée à une entreprise, et pour accompagner l’entreprise ensuite dans ses projets de formation. Elles ont également une activité de conseil aux apprentis de la filière bois.

Du côté de la FER, on a souligné le rôle que doivent jouer les associations professionnelles par branches, notamment en l’occurrence celles des métiers de la construction. Les réseaux d’entreprises jouent également un rôle intéressant en permettant aux apprentis de se former dans plusieurs d’entre elles. L’idée est de ne pas laisser les entreprises seules, mais de partager les tâches pour affronter la question cruciale de la formation, c’est-à-dire de la relève. Du côté de la FRECEM, on met en place des systèmes d’examens standardisés non seulement entre cantons francophones, mais aussi avec la Suisse allemande. Se battre à l’échelle de la région Tout cela ne concerne pas que Genève, même si le problème est plus aigu qu’ailleurs en Suisse. Il concerne aussi les cantons voisins et les territoires français du « Diamant alpin » qui doivent apporter des réponses aux mêmes questions. La forêt est généreuse. Si l’on travaille à l’échelle de la grande région – celle du « Diamant alpin » – on voit qu’elle produit en suffisance sans qu’il soit besoin de recourir massivement à des importations. Reste à organiser mieux la filière, notamment en développant la formation pour accroître les capacités de transformation sur place de cette ressource naturelle inestimable. C’est ensemble qu’il faut relever ce défi, qui est aussi climatique. Cela en vaut donc la peine !

François Saint-Ouen

ACTIVITÉS EN CROISSANCE

L’Assemblée générale de Lignum Genève s’est tenue à la FER à Genève, occasion de revenir sur les programmes prévus jusqu’en 2023. La promotion des formations aux métiers du bois s’effectue en partenariat étroit avec l’OFPC du Canton de Genève. Une opération « Portes ouvertes » a été organisée en mai 2022 dans 5 entreprises de la filière bois afin de recevoir des élèves du cycle d’orientation, des jeunes et leurs parents. Par ailleurs, la relation avec les étudiants-architectes de l’EPFL (Lausanne) a été consolidée dans le cadre de son programme Alice, avec des opérations localisées dans la ville d’Onex et au Musée International de la Croix Rouge.

Pour mieux faire connaître la forêt, Lignum Genève a organisé des visites à destination du public conçues avec Patrik Fouvy, inspecteur cantonal des forêts. Celles-ci sont conduites dans plusieurs forêts : les prochaines, le 28 septembre et 30 novembre par le Professeur Ernst Zürcher, éminente personnalité de ce secteur. Le programme le plus spectaculaire jusqu’en 2023 s’appelle « Le Tram du bois ». Il circulera pendant une année, habillé aux couleurs du bois, tandis que des spots seront diffusés parallèlement dans tous les véhicules des Transports Publics Genevois. Des activités de sensibilisation sont prévues dans divers domaines : les métiers du bois et les formations ; la forêt et les arbres ; les constructions ; le bois-énergie.

Informations sur www.lignum-geneve.ch

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