Il est peu connu que la Suisse abrite des forêts de châtaigniers et des peuplements mixtes couvrant environ 24’000 ha, et on ignorait même que ces forêts cachaient de précieuses ressources génétiques spécifiques à la Suisse. C’est ce que des scientifiques ont mis en évidence dans une étude réunissant plusieurs équipes de recherche suisses et européennes.

Pour des raisons environnementales et historiques, la plupart de ces forêts encore existantes sont situées dans les Alpes suisses du Sud, tandis que dans les régions septentrionales du pays, la culture des châtaigniers et les connaissances connexes ont fortement régressé depuis le Petit Âge glaciaire.

Néanmoins, comme le montre très récemment un article publié dans la revue scientifique internationale Biodiversity and Conservation, la Suisse abrite toujours de précieuses ressources génétiques du châtaignier européen Castanea sativa Mill. L’étude génétique publiée était basée sur un inventaire national, réalisé dans le cadre du Plan National d’Action pour la Conservation et l’Utilisation Durable des Ressources Phytogénétiques pour l’Alimentation et l’Agriculture (PAN-RPGAA) de la Confédération Suisse.

Cette collaboration intense et durable a impliqué des scientifiques de plusieurs régions suisses (Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL et EcoControl au Tessin, HEPIA et In Situ Vivo à Genève, École polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ) et MOGLI solutions à Baden) ainsi que des collègues de l’Université de Saint-Jacques de Compostelle en Espagne (USC) et de l’INRA de Bordeaux en France.

Cet inventaire impressionnant incluait aussi l’identification et la localisation précise dans toute la Suisse de 14’165 châtaigniers âgés et/ou greffés à des fins de conservation.

Les principaux objectifs de ces travaux étaient d’évaluer la diversité génétique et la structure génétique du châtaignier en Suisse et de définir un programme de conservation comprenant la proposition d’une collection de base.

Une présélection de 962 accessions a été génétiquement profilée avec 24 marqueurs microsatellites, ce qui a permis d’identifier 675 génotypes différents, avec 29,8% de répétitivité due à la clonalité.

Une analyse structurelle a distingué deux groupes principaux, l’un principalement lié au groupe génétique du sud de l’Europe et un seconde qui s’est révélé indépendant et génétiquement différent des autres groupes européens de cultivars de châtaigniers. Ce dernier groupe représente un nouveau groupe génétique, spécifique à la Suisse et par conséquent un complément aux ressources génétiques du châtaignier en Europe.

Enfin, les chercheurs ont défini une collection de base de 46 génotypes, qui devraient être utilisés en priorité pour le programme de conservation suisse.

Lien: Communiqué de presse original de la HEPIA/HESSO